Les lois générales de la pharmacologie s'appliquent en pédiatrie avec toutefois
quelques spécificités.
L'absorption par voie orale dépend du pH gastrique (alcalin à la naissance
et équivalent à l'adulte à 3 mois), de la motilité intestinale (diminuée chez le
nourrisson mais n'affectant pas la quantité absorbée) et de la richesse de la flore
microbienne. Les enzymes digestives (lipase, amylase) sont faiblement présentes
en période néo-natale. L'administration sublinguale élimine le problème du
premier passage hépatique.
La voie rectale est utilisée en pédiatrie bien que l'absorption soit assez aléatoire
et non prévisible.
La voie intra-musculaire est peu utilisée car elle dépend de la surface de muscle en contact avec l'agent (rapport masse musculaire / masse corporelle faible) et
de l'activité musculaire.
La voie cutanée doit être utilisée avec prudence car la biodisponibilité est 2,7
fois supérieure à celle de l'adulte. Elle dépend du degré d'hydratation de la
surface cutanée, de la surface de contact et de l'épaisseur de la couche cornée.
La voie intra-osseuse est spécifique et doit être utilisée en cas d'urgence extrême. Elle sert à l'administration de solutés hydro-électrolytiques comme à
l'administration des médicaments. La biodisponibilité est identique à la voie
intra-veineuse.
La voie endo-trachéale n'est utilisable que dans le cadre de la réanimation
cardio-respiratoire. Les doses administrées sont 10 fois plus importantes que
les doses recommandées pour la voie intra-veineuse.
La distribution est influencée par l'âge, la liaison protéique, la solubilité dans
les graisses, les compartiments hydriques, les débits sanguins régionaux et la
perméabilité membranaire.
Le volume de distribution dépend de la concentration plasmatique en protéines,
de la fixation tissulaire de l'agent, de son degré d'ionisation, de sa liposolubilité
et de sa solubilité dans l'eau. Dans les deux premières années de la vie, la
quantité d'eau totale et d'eau extra-cellulaire est plus importante que chez
l'adulte. Le volume de distribution est plus donc élevé chez ces patients pour
les agents hydro-solubles. Les posologies de ces médicaments sont à augmenter
pour atteindre la concentration plasmatique désirée.
La liaison protéique dépend de la concentration plasmatique en protéines ligantes et de l'affinité pour l'agent concerné. Le taux de toutes les protéines
ligantes (albumine, α1-glycoprotéine, globuline) est moindre chez le nouveau-né et tend à augmenter la fraction libre des médicaments.
La masse graisseuse et la masse musculaire sont moins importantes chez le
nouveau-né que chez l'adulte. Les effets des médicaments à redistribution musculaire et graisseuse (barbituriques) peuvent être prolongés.
Le métabolisme des agents d'anesthésie est réduit en période néo-natale. À la naissance, les mécanismes enzymatiques hépatiques de phase 1 (oxydation, réduction, hydrolyse) sont relativement fonctionnels, tandis que les mécanismes de type 2 (glucuronoconjugaison) et celles de type 1 par les voies du cytochrome P450 sont très médiocres. Le développement de l'activité enzymatique au cours du temps est spécifique à chaque enzyme.
La filtration glomérulaire et la sécrétion tubulaire augmentent avec l'âge et sont matures à l'âge de douze mois. Il convient d'espacer les ré-injections de médicaments à excrétion rénale chez le nouveau-né.